Extrait de la nouvelle "Un aller simple pour Kikhala"

 

Dehors, une foule chamarrée se bouscule sur le quai. Un microcosme atypique défile. Des femmes élégantes dressent fièrement leur ombrelle au-dessus de leur chapeau à la dernière mode. Des prisonniers sudistes au visage creusé, les yeux éteints, le dos courbé, s'alignent... en désordre. Une bande joyeux enfants hurlent en courant à travers les voyageurs. Un groupe d'indiens silencieux regardent sans le voir le monde se défaire autour d'eux.

Le train relâche enfin les nouveaux migrants. Étourdies par le bruit, la fatigue, le soleil dominateur, les deux femmes restent un instant hébétées. Ici, rien ne choque. La mixité raciale est de mise depuis longtemps. Ellen et Kikhala, vêtues modestement, une valise au bout de chaque bras, attendent l'arrivée de la diligence. Le Sud a vécu. Les vestiges de White-Hill ne sont plus qu'un lointain souvenir. Celui d'une vie antérieure...